• Dans le bouddhisme on parle de salut par la connaissance. Cette connaissance compréhension, prajna, est le fruit de la méditation. Quand on pratique le regard profond dirigé vers le coeur de la réalité. On pratique la résurrection à chaque instant. . .

    Le seul moment où l’on est vivant,
    où l’on peut toucher la vie,
    C’est le moment présent ,
    l’ici et maintenant. . .

    La pleine conscience est l’énergie du Bouddha. Il faut s’entraîner par la pratique de la respiration consciente pour faire naître l’énergie de la pleine conscience et la maintenir vivante. Cette énergie-là nous éclaire, nous permet d’être concentré et d’être vraiment là ; elle nous permet aussi de regarder profondément dans le coeur des choses. Et de ce regard profond naît la vision profonde ; la pleine conscience amène la compréhension, l’amour et aussi la libération de la douleur.

    La graine de la pleine conscience est le bébé Bouddha qui est en nous. Et il faut lui donner tout notre amour car cette précieuse graine peut être enfouie très profondément sous plusieurs couches de souffrance et de douleur.
    Dans la pratique, nous commençons par rechercher, par identifier et par toucher cette graine de la pleine conscience que tout le monde possède. Nous avons cette graine en nous. Quand nous buvons de l’eau, si nous sommes présent au fait que nous sommes en train de boire de l’eau, l’énergie de la pleine conscience est là.

    La pleine conscience est l’énergie
    qui nous permet d’être conscient
    de ce qui se passe dans le moment présent.

    Il n’y a que de la tendresse . Si vous inspirez et que vous savez que vous inspirez, alors la pleine conscience est là, la pleine conscience de Satipattana, ou Sutra de la respiration. Quand nous sommes en colère et que nous savons que nous sommes en colère, la pleine conscience est là. La colère est une énergie ; la pleine conscience en est une autre. Et cette deuxième sorte d’énergie va se manifester pour prendre soin de notre colère comme une maman va prendre soin de son petit enfant. Il n’y a pas de combat contre la colère.

    La pratique de la méditation
    c’est être conscient de la douleur.

    Donc chaque fois que vous avez une énergie négative comme la jalousie, le désespoir ou la peur, alors la pleine conscience doit se manifester pour prendre bien soin de cette énergie négative. Si vous ne voulez pas que cette énergie vous détruise, touchez la graine de la pleine conscience et invitez-la à s’épanouir ; embrassez tendrement votre douleur. Quand une maman entend son bébé crier, elle pose ce qu’elle est en train de faire, elle entre dans la chambre et prend le bébé. Une maman sait ce qu’est l’énergie de la pleine conscience ; dès le moment où l’enfant est dans ses bras, cette énergie de sagesse commence déjà à pénétrer son corps. La maman ne sait pas encore ce qui ne va pas avec le bébé, mais par sa présence, il obtient déjà un soulagement. Ensuite la maman naturellement pratique le regard profond et il lui faut seulement deux ou trois minutes pour se rendre compte de ce qui ne va pas avec le bébé : peut-être que ce sont les couches, peut-être que le bébé a une petite fièvre, peut-être qu’il a faim. . . Alors la compréhension vient et la maman peut transformer la situation...
    C’est la même chose avec la méditation. Quand nous avons une douleur en nous, la première chose est de générer l’énergie de la pleine conscience pour embrasser et prendre soin de cette douleur, pour générer de l’amour, de la tendresse et de la compassion.
    Si vous regardez profondément dans la nature de votre colère, vous découvrirez sa vraie nature. Cette découverte et cette compréhension vous libéreront de votre douleur. Et il faut prendre l’habitude de pratiquer cela, non seulement avec la colère, mais aussi avec les autres émotions comme le désespoir, la peur...
    On a peur de la vie, on a peur surtout de la mort.
    Le Bouddha nous a recommandé de méditer comme ceci en ce qui concerne la peur.

    « J’inspire, je sais que je vais mourir ;
    j’expire, je sais que personne ne peut échapper à cette nature,
    je sais que personne ne peut échapper à la mort. »

    Le Bouddha nous a enseigné cela parce qu’il sait bien que cette graine de la peur est enfouie très profondément en nous et que nous ne voulons pas qu’elle se manifeste parce que ça fait mal.

    On a peur de la peur.

    Nous cherchons donc à la rejeter. Nous cherchons à refouler la peur en invitant d’autres émotions pour occuper l’espace afin que cette énergie de peur ne puisse pas émerger. On allume la télé, pourquoi ? On lit des romans, pourquoi ? On parle au téléphone, pourquoi ? Souvent seulement pour empêcher la douleur de se manifester.
    C’est une politique de refoulement et de répression. nous pratiquons un embargo sur les graines négatives qui sont en nous, et créons ainsi une situation de mauvaise circulation d’énergie. Par exemple, nous savons que parfois le sang ne circule pas bien dans notre corps et que cela nous crée des douleurs comme les maux de têtes ; nous faisons alors des massages pour accélérer la circulation ou prenons des remèdes qui nous soulagent. La même chose est vraie en ce qui concerne nos peurs. Si on pratique une politique de répression, de refoulement, alors on crée une situation de mauvaise circulation des formations mentales telles que la peur, la colère, le désespoir ou la souffrance ; et quand ces choses ne circulent pas bien dans notre âme, dans notre conscience, alors émergent les signes de troubles nerveux ou de stress profond et une dépression risque de commencer...

    Il ne faut pas pratiquer une politique d’embargo.
    Il faut ouvrir la porte pour que nos souffrances puissent se manifester.

    Mais nous avons peur de la souffrance. Nous ne devons pas en avoir peur car nous possédons cette énergie de la pleine conscience qui peut prendre soin de notre douleur comme d’un petit enfant. Chaque fois que la douleur se manifeste il faut lui souhaiter la bienvenue ; nous sommes vraiment là pour elle, nous devons l’embrasser,

    « Chéri, je suis là pour toi. . .»

    L’énergie de la pleine conscience est là pour embrasser la souffrance. La porte va s’ouvrir et les formations mentales pourront alors circuler librement ; si vous pratiquez cela pendant quelques semaines vous aurez alors une situation de bonne circulation de votre psyché. C’est pourquoi le Bouddha nous a enseigné d’inviter la colère.

    Il n’y a pas de combat entre le bien et le mal,
    il y a seulement besoin d’un peu d’amour pour découvrir cet état.
    Il faut apprendre l’art de transformer le compost en fleur.

    Dans la méditation nous devons observer et agir dans la non-dualité. Les déchets, les ordures du mental peuvent toujours être transformés en leurs de compassion, d’amour et de paix. Notre conscience est quelque chose de vivant, de nature organique. Il y a toujours les déchets comme il y a toujours les fleurs en nous. Le jardinier qui pratique l’art de la culture biologique tâche de conserver les déchets parce qu’il peut les transformer en compost et le compost en fleur. Ce jardinier qui regarde un tas d’ordures voit déjà les légumes et les fleurs. Donc on ne jette rien et un peu de pratique et de temps suffisent pour transformer le tas d’ordures en compost. . .

    Dans le compost on peut voir des fleurs.
    Donc conservez vos énergies négatives, conservez votre souffrance,
    vous allez en avoir besoin.

    Regardez une fleur ; la fleur est belle, elle est parfumée, le fleur est saine. Si vous la regardez profondément vous pouvez déjà voir les ordures et le compost qui sont en elle. . . Nous pouvons dès maintenant voir des fleurs dans nos colères, nos ordures et nos déchets. . . La même chose est vraie avec nos formations mentales : il y a des fleurs comme la foi, l’aspiration, la compréhension ou l’amour, mais il y a aussi des déchets comme la peur, le doute ou la douleur. C’est le principe de non-dualité qui est en nous.
    Si une personne n’a pas souffert, cette personne-là ne peut jamais connaÎtre le bonheur. Si une personne ne sait pas ce qu’est la faim, elle ne peut jamais connaÎtre la joie de manger chaque jour.

    La souffrance est une condition de compréhension de notre bonheur.
    Il faut donc savoir apprendre de la souffrance,
    il faut savoir se servir de la souffrance pour toucher l’énergie
    de la compassion, de l’amour, de la compréhension.

    La méditation est la pratique de la non-violence, de la non-dualité. Si je sais que l’amour c’est moi et que la douleur c’est aussi moi, que la compréhension c’est moi et que la souffrance aussi, alors je vais en prendre soin. Je ne vais pas supprimer ma souffrance parce que je sais que je peux la transformer en fleur... La fleur existe parce que la souffrance est là.

    Ceci existe parce que cela est...

    Le Bouddha a dit. « Ceci étant, cela est. . . » Donc il n’y aura pas de combat ni de violence contre un élément de notre être. Il faut seulement prendre soin de nous-mêmes, transformer notre souffrance et avoir une attitude non violente vis-à-vis de notre douleur, de nous-mêmes et de notre corps. Nous devons faire cela, non seulement avec nos formations mentales mais aussi pratiquer exactement de la même façon envers notre corps

    « J’inspire, je suis conscient de mes yeux,
    j’expire, je souris à mes yeux. . . »

    Et nos yeux deviennent l’objet de notre pleine conscience. Quand nous pratiquons ainsi nous commençons à faire la paix avec nous-même parce que nous commençons à comprendre la nature de nos yeux.

    Le paradis des formes et des couleurs nous est offert

    Si nous continuons à pratiquer ainsi pendant quelques minutes, nous découvrirons que nos yeux sont une des conditions de base pour notre bonheur... C’est une chose merveilleuse. Nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour voir le ciel bleu, les nuages blancs, les fleurs de cerisiers, le coucher du soleil, le visage de notre enfant. . . Avec des yeux en bon état, le paradis des formes et des couleurs nous est offert. Il y a des gens qui ont perdu la vue et pour eux la retrouver serait un paradis ; et nous qui avons des yeux, nous oublions cela. Vos yeux sont déjà une des conditions de base de votre bonheur. Et la pleine conscience suffit à toucher une de ces conditions-là. Nous pouvons pratiquer cela avec chaque partie de notre corps.

    La pleine conscience, c’est la lumière du Bouddha

    Si nous continuons, nous verrons que notre corps est aussi une des conditions de base de notre bien-être. Notre corps fonctionne normalement pour notre bien-être, il travaille nuit et jour pour nous préserver vivant et nous, pendant ce temps-Ià, nous avons le temps de dormir, de méditer, etc. D’instant en instant notre coeur irrigue toutes les cellules de notre corps, sans relâche. Et pourtant nous n’avons pas beaucoup d’attention ni de gestes amicaux envers lui ; il faut retourner vers notre corps. En méditant comme cela nous aurons de la sagesse, de la compréhension et de la compassion envers nous-même. Et cette sagesse nous dictera la conduite, la manière juste de diriger notre vie quotidienne.
    Le Bouddha nous a conseillé de pratiquer le toucher profond envers chaque partie de notre corps. Nous pouvons balayer graduellement tout notre corps avec l’énergie de la pleine conscience. Et le rayon n’est pas X, c’est la pleine conscience, c’est là lumière du Bouddha. Il faut balayer notre corps tout entier, profondément, pour pouvoir le réveiller et faire la paix ; pour nous réconcilier avec lui. . .

    Dans le bouddhisme on pratique les cinq, les dix ou les deux cent-cinquante préceptes parce qu’ainsi nous pratiquons le regard profond. Et les préceptes nous protègent de notre souffrance. Si vous pensez que les préceptes limitent votre liberté, vous avez tort : ils garantissent votre liberté. Quand nous touchons notre corps avec la pleine conscience nous commençons à l’entendre, et le message qui nous est envoyé est très important, mais parce que nous ne sommes pas là, le message n’arrive pas. Il faut être là et le toucher profond peut nous révéler la situation exacte de notre corps ; si nous recevons ce message nous cesserons toute conduite malsaine. . .

    Sans la pleine conscience, nous vivons comme des morts

    Nous sommes tous des rois et des reines et notre territoire est extrêmement vaste ; nous régnons sur le domaine des cinq éléments. Et c’est la pleine conscience de notre douleur qui peut nous aider à surveiller notre territoire pour voir ce qui arrive, pour reconnaÎtre les graines du conflit, les graines de la souffrance et de la dualité... Et c’est seulement avec une vue aussi vaste de notre territoire que nous ferons ce qu’il faut afin de rester roi et reine de ce domaine de la forme, des sensations, des perceptions, des formations mentales et de la conscience. Chaque fois que la pleine conscience naît, nous naissons encore une fois dans la Terre de Bouddha, dans le royaume de Bouddha. Nous redevenons vivant parce que nous touchons le moment présent.

    Pratiquer la pleine conscience c’est ramener corps et esprit
    vers le moment présent et chaque fois que l’on pratique cela
    on redevient vivant.

    Si on jette un regard autour de nous on peut voir les gens qui vivent comme des morts. J’utilise une phrase d’Albert Camus. « II vit comme un mort. » Il y a des milliers de gens qui circulent autour de nous, transportant leur propre cadavre.
    Nous n’avons pas besoin de beaucoup de temps. Une fraction de seconde suffit pour revenir à la vie, parce qu’être vivant c’est être là, dans le moment présent, dans l’ici et le maintenant ; et cela est possible avec une seule respiration consciente.
    Respire, tu es vivant...
    Avec la méditation, on pratique la résurrection à chaque instant. C’est la pratique de vivre au quotidien. Il ne faut pas se perdre dans le passé ni dans le futur. Le seul moment où l’on est vivant, ou l’on peut toucher la vie, c’est le moment présent, l’ici et maintenant.
    Quand nous pratiquons la méditation marchée, chaque pas nous ramène au moment présent. Quand on marche sans la pleine conscience on sacrifie le présent pour une destination... quelque part... On ne vit pas ; on vit comme un mort. Quand on parle de destination on pourrait se demander quelle est notre destination finale ? Peut-être le cimetière ! Pourquoi on se hâte toujours pour rien ? La vie n’est pas là, la vie n’est pas dans cette direction... La vie est juste dans chaque pas. Il faut marcher de telle sorte que la vie soit possible à chaque pas. Et c’est ce que nous devons pratiquer à chaque instant. Marcher comme une personne libre, de telle sorte que le royaume de Dieu soit possible dans l’ici et le maintenant. Marcher de telle sorte que la paix, la joie soient possibles ici, que la terre pure soit disponible sous nos pieds.

    Arrêtez d’attendre pour pouvoir vivre...

    Ce que l’on arrête en premier c’est l’attente ; quand nous contemplons la pleine lune, si nous pensons, alors la pleine lune n’est pas vraiment là, et nous ne sommes pas là non plus. L’attente nous empêche de vivre chaque moment de notre vie quotidienne d’une manière profonde. Quand on regarde la lune, on regarde seulement la lune, c’est la méditation. L’attente nous empêche de toucher la vie profondément : « Je pense donc je ne suis pas vraiment là... »
    La méditation nous aide à toucher la non-peur
    Et le plus grand soulagement obtenu, c’est quand vous pouvez toucher le nirvana, quand la non-peur est devenue quelque chose de la vie de chaque jour. Nous avons une grande peur en nous ; nous avons peur de tout, nous avons peur de notre mort, de notre solitude, nous avons peur d’être abandonnés, nous avons peur du changement. . . Et c’est seulement grâce à la non-peur que nous pourrons expérimenter le soulagement total, le nirvana total.

    Nirvana, qu’est-ce que c’est ?
    Nirvana, c’est la fondation de notre être...

    C’est la base de l’être comme l’eau est la base des vagues. Nous sommes les vagues. . . Au début nous croyons que nous avons un commencement et une fin, une naissance et une mort et nous pouvons penser, nous pouvons croire qu’avant notre naissance nous n’étions pas là ; qu’avant la naissance est le non-être, qu’après la naissance est l’être, et qu’après la mort nous redevenons non-être. Regardons ensemble dans cette direction, regardons profondément la vague qui descend et qui monte. La vague vit sa vie de vague mais elle peut vivre la vie de l’eau en même temps. Si la vague se penche vers son fondement et touche sa substance qui est l’eau alors survient la non-peur : le nirvana total.

    Naissance et mort ne peuvent pas toucher le bodhisattva...

    Nous vivons avec des concepts tels que naissance, mort, être, non-être, unité, pluralité mais nous n’avons eu ni la chance ni l’occasion de toucher la fondation de notre être qu’est nirvana. On peut traduire nirvana par extinction. Mais extinction de quoi ? Extinction, cela veut dire tout d’abord extinction de toutes les naissances, y compris celle du nirvana, du moi, de l’être, ou du non-être. . . La mort et la naissance ne peuvent pas toucher la vague une fois que celle-ci est redevenue de l’eau. Les concepts, les notions telles que naissance, mort, être, non-être ne peuvent pas toucher l’eau. L’eau ne peut pas être décrite et ses qualités ne sont pas exprimables. . .
    Donc quand nous parlons de naissance et de mort, d’être et de non-être, nous parlons en terme de phénomènes. Dans le bouddhisme on appelle cela la dimension historique. Quand nous parlons des vagues nous sommes dans la dimension historique, mais quand nous parlons de l’eau nous sommes dans la dimension ultime. Et dans la dimension ultime nous ne pouvons parler de naissance et de mort, d’être et de non-être.
    Quand je touche du papier profondément, je touche un nuage
    Si nous regardons profondément dans la nature du papier, que voyons-nous ? Nous pouvons d’abord voir un nuage. Parce que sans nuage il n’y aurait pas de pluie et les arbres ne pourraient pas pousser. Donc quand je touche du papier profondément, je touche un nuage. Et quoi encore ? Il y a du soleil, parce que sans soleil les arbres ne peuvent pas pousser, et il y a aussi la terre. . . Si nous continuons à pratiquer le regard profond dirigé vers la feuille de papier, nous pouvons voir le cosmos entier.
    Alors nous pouvons nous demander quelle est la nature de cette feuille de papier ? Est-ce qu’avant de naÎtre la feuille de papier était le non-être ou est-ce que la feuille de papier est de la nature du nuage ? Dans le bouddhisme on enseigne que cette feuille de papier est libre de la naissance et libre de la mort. Avant d’être feuille de papier elle avait une autre forme comme nuage, comme soleil, comme terre, comme arbre. . . La feuille de papier est seulement une forme constituée des cinq éléments.
    Nous aussi avant de naÎtre avions déjà une forme, une autre forme. Le moment où la feuille de papier est née n’est pas vraiment le moment de la naissance. C’est juste un moment de continuité. Quand le papier meurt, il ne redevient pas le rien ; le papier devient quelque chose d’autre comme un nuage, comme la pluie... La pluie est la continuité du nuage. . .

    « Rien ne se perd, rien ne se crée...»

    Lavoisier n’était pas bouddhiste mais il a pratiqué le regard profond dirigé vers la nature des choses. Il a découvert la même chose : il n’y a pas de vraie naissance, il n’y a pas de vraie mort. Sans naissance, il n’y a pas de mort, il n’y a que transformation et continuité. C’est ce qu’on trouve dans le Sutra du Coeur, l’essence de la Prajnaparamita.
    Nous avons tous peur de mourir. Mais est-ce que le papier peut mourir ? Prenons des allumettes et regardons avec toute notre pleine conscience pour voir si nous pouvons réduire le papier au néant, au non-être. Est-ce que vous avez vu la fumée ? La feuille de papier est devenue une partie d’un nuage. Peut-être qu’une prochaine rencontre avec la feuille de papier aura lieu sous la forme de pluie ou d’eau ? Donc : au revoir et à bientôt ! Une partie du papier est devenue une énergie de chaleur, elle a déjà pénétré le cosmos et chacun d’entre nous. Et les cendres, un moine les déposera dans un parc et peut-être que dans quelques mois elles se transformeront en petites fleurs. . . Donc le morceau de papier est déjà en voyage. Et ce n’est pas facile de pouvoir suivre quelque chose comme les allées et venues d’une feuille de papier. La même chose est vraie avec nous.

    Notre vraie nature est non-naissance et non-mort

    Quand un maÎtre Zen vous demande :

    « Quel était votre visage avant que votre grand-mère soit née ? »

    c’est une invitation vers un voyage très profond à la découverte de votre vraie nature. Notre vraie nature est la non naissance et la non-mort. Nous sommes libres, nous ne sommes pas pris dans la naissance et dans la mort car naissance et mort ne sont que des notions que nous utilisons pour emprisonner la réalité.
    Le Bouddha a déclaré ceci : « II n’y a pas de monde, pas de naissance, pas de mort, pas d’être, pas de non-être, pas de haut ni de bas... » Si ce monde-là n’est pas là comment les mondes de la naissance et de la mort, de l’être et du non-être, peuvent-ils être quelque chose de réel ?II a parlé de la dimension ultime, il a parlé de l’eau mais en a juste dit quelques mots car en ce qui concerne l’ultime nous ne pouvons pas utiliser des concepts ou des mots. Nirvana ne peut pas être décrit avec des concepts et des mots comme être ou non-être. Quand on parle de Dieu, de la mort de Dieu, cela revient à dire qu’il faut que la notion de Dieu soit morte pour que Dieu touche la vie. La même chose est vraie avec le nirvana. Les théologiens érudits qui ne se servent que de notions, de concepts et de mots et non de l’expérience directe ne sont pas très utiles. Il faut tuer la notion de Bouddha pour que le vrai Bouddha puisse se révéler. Le nirvana est à toucher, à vivre et non pas à décrire. Les notions, les concepts déforment la réalité de l’ultime. . . Le Bouddha est une chose, la notion de Bouddha en est une autre. Un maÎtre Zen a dit ceci : « Si vous rencontrez le Bouddha sur votre route, vous devez le tuer... »
    La même chose est vraie en ce qui concerne les concepts de naissance et de mort...

    La peur naÎt de notre ignorance...

    La peur naÎt de notre ignorance, de nos concepts concernant la vie et la mort. Si nous pouvons nous débarrasser de tous ces concepts en touchant la réalité en soi, alors la non-peur sera là, le grand soulagement et le grand amour seront chose possible. Il faut transcender la naissance et la mort, il faut se débarrasser de ces notions parce qu’elles sont un obstacle à la réalité. . . Ces notions ne peuvent pas être appliquées au monde non-né, au monde non-mort.

    Le nirvana n’est pas quelque chose que nous devons rechercher
    parce que nous sommes déjà le nirvana...

    Comme la vague est déjà l’eau. La vague n’a pas à rechercher l’eau parce que l’eau est la substance même de la vague. Il nous faut vivre profondément puis toucher le nirvana, le monde de la non-naissance, de la non-mort, le monde de la non-dualité. . . et toute notre peur sera embrassée par cette connaissance directe de notre vraie nature. . .
    Etre ou ne pas être, là n’est pas vraiment la question...
    La vraie question est d’avoir assez de concentration, assez de pleine conscience pour pouvoir trouver la base de l’être, le nirvana. Et c’est pourquoi nous devons faire en sorte que la pratique de la méditation, de la pleine conscience soit la chose de la vie quotidienne. Quand nous mangeons, quand nous buvons, quand nous marchons, nous pouvons toujours pratiquer le calme, la concentration, le regard profond et un jour nous pouvons toucher la réalité ultime de l’être. la vie est une éternité...
    Méditer c’est générer l’énergie de la pleine conscience pour que la vie soit là comme une éternité et il faut vivre ces moments dans la vie quotidienne. Il faut s’entraÎner un petit peu pour que la méditation devienne la vie quotidienne. On inspire, on expire, on pratique la paix, et on revient chez soi, dans sa vraie demeure, dans l’ici et le maintenant ; on revient au moment présent pour toucher la Terre, toucher notre territoire. . .

    Si tout le monde pratiquait cela
    alors le monde deviendrait un monde de calme et de paix. . .

    Nous devons nous entraîner chaque jour à cultiver cette pleine conscience. Et il faut des amis, des frères et soeurs dans le dharma pour pouvoir apprendre cela facilement. C’est pourquoi on prend refuge en la sangha, car pour pouvoir être initié à la pratique, il nous faut un soutien c’est-à-dire une communauté de pratique.
    Dans ma tradition on dit qu’un pratiquant qui quitte sa sangha est comme un tigre qui a quitté sa montagne pour descendre dans la plaine ; le tigre qui va dans la plaine sera tué par les hommes. . . Si l’on pratique la méditation sans prendre refuge dans une communauté de pratique, alors on abandonnera sa pratique au bout de quelques mois. . .
    Je vous souhaite à tous, mes amis, d’avoir un frère ou une soeur qui pratique sérieusement le dharma, peut-être aussi un maÎtre spirituel qui possède la solidité de la joie, de la liberté, de la compréhension profonde. . . Alors la pratique sera beaucoup plus agréable...

    Thich Nhat Hanh

    Conférence du 2 avril 1996 à la Mutualité Paris 

    Merci à la revue pour l’autorisation de publier ce texte. 


  • Cet article revient sur les "4 paroles qui guérissent : méditation", vidéo mise sur ce blog le 8 juillet dernier dans la rubrique "un corps sain dans un esprit sain".

    " HO'OPONOPONO ne se compare pas ni ne s'apprend. HO'OPONOPONO se vit. Cest un art de vivre. HO'OPONOPONO est un véritable chemin vers la conscience unitaire. Ho’oponopono c’est faire la paix avec sa création et avec soi-même« Nous sommes ici seulement pour apporter de la paix à notre propre vie, et si nous apportons de la paix à notre propre vie, tout, autour de nous, trouve son propre lieu, son propre rythme et paix ».

    Ho’oponopono est un « Art » ancestral Hawaïen qui a été actualisé par Morrnah Simeona et dont le but principal est de nous connecter à notre Divinité Intérieure. Cette connexion se fait grâce à une demande constante de rectification de nos erreurs de pensée, paroles et actions (demande en pardon), ce qui permet la libération de nos mémoires du passé.

    Morrnah explique ainsi le fonctionnement de Ho’oponopono :

    « Nous sommes la somme totale de nos expériences, ce qui revient à dire que nous sommes chargés de nos passés. Lorsque nous expérimentons du stress ou de la peur dans nos vies, si nous nous appliquions à voir avec attention, nous pourrions nous rendre compte que la cause est en fait une mémoire. Ce sont les émotions qui sont liées à ces mémoires qui nous affectent maintenant. Le subconscient associe une action ou une personne dans le présent avec quelque chose qui s’est produit dans le passé. Lorsque cela se produit, les émotions sont activées et le stress survient ».
    « Le but principal de ce procédé et de découvrir la Divinité Intérieure. Le Ho’oponopono est un cadeau profond qui permet à chacun de développer une relation avec la Divinité à l’intérieur de soi et d’apprendre comment demander qu’à chaque instant, nos erreurs en pensées, paroles et actions soient nettoyées. Le procédé vise essentiellement la liberté, la complète libération du passé ».

    Morrnah était chaman à Hawaii et elle a modifié la pratique de Ho’oponopono.
    Ho’oponopono était à l’origine un rituel de pardon et de réconciliation se pratiquant en groupe et sous la conduite d’un prêtre ou d’un gourou. Mornah a pensé que Ho’oponopono pouvait aussi bien se pratiquer seul et c’est ainsi qu’elle a posé les bases d’un enseignement nouveau tout en gardant comme socle de cette pratique, le pardon pour s’ouvrir à l’amour et aller vers la paix intérieure.
    Elle a travaillé avec le Dr Len qui s’est fait connaître grâce à son travail, en tant que psychologue, dans une aile psychiatrique d’un pénitencier de Hawaii . Il est resté dans cet établissement dans son poste de responsable près de quatre ans et, au terme de ce temps, cette aile psychiatrique a du fermer ses portes car tous les malades avaient guéri.
    Quand on questionne le Docteur Len au sujet de cette histoire qui nous semble extraordinaire et qu’on lui demande comment il avait fait pour « guérir » ses patients, il répond, quelque peu agacé :
    « Je n’ai guéri personne, je n’ai fait que nettoyer les mémoires à l’intérieur de moi qui ont créé tout cela, je n’ai rien fait d’autre. »
    La pratique de Ho’oponopono n’est en définitive rien d’autre que cela : c’est nettoyer ses propres mémoires, s’accorder le pardon, s’ouvrir à l’amour et être en paix. C’est ainsi que la réponse à cette question fondamentale, « Qui suis-je? »se fera de plus en plus claire. Car le but ultime de Ho’oponopono est de se connecter avec la divinité intérieure.

    Vous pouvez « faire » Ho’oponopon, c’est à dire répéter comme un mantra les quatre phrases, « désolé, pardon, merci, je t’aime » dès que survient un événement douloureux et vous constaterez toujours des résultats et une certaine amélioration.

    Mais si cela paraît si simple, notre propre expérience nous a montré que ce n’est pas si facile.
    Parce que l’idéal cependant est de vivre dans cette énergie du matin au soir, ce qui veut dire « nettoyer » sans cesse, toutes les mémoires, sans même chercher à comprendre leur origine ou leur nature. Cela signifie prendre la responsabilité et accepter tout ce qui vous arrive dans la vie, bannir tout jugement à l’égard d’autrui, des événements ou de soi-même, instaurer en vous une confiance en soi aveugle pour lâcher prise totalement, vivre dans la gratitude, le pardon et l’amour principalement envers vous-même. Cela signifie aussi abandonner le monde de la séparation, des peurs et de l’ego pour le monde de l’unité, de l’amour et du cœur.

    Pratiquer Ho’oponopono n’est pas de rechercher l’abondance, le succès, la réussite ou le bonheur. Ho’oponopono est au contraire ne rien vouloir, rien désirer, lâcher prise complètement pour confier la conduite de sa vie à son âme. Vivre ainsi dans cette énergie éclairera votre chemin de vie de telle manière que tout sera changé, en vous et autour de vous. Votre vie fourmillera au quotidien de mille petits miracles qui la transformeront. 





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